Agriculture(s) urbaine(s) et aménagement

Agriculture(s) urbaine(e)s : organisation et fonctionnement

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Des questions au croisement de l’agriculture et l’aménagement

Depuis une dizaine d’années en France et bien avant dans d’autres pays, l’agriculture urbaine (AU) est l’objet d’expérimentations et d’initiatives portées par des institutions ou des associations. En passe de devenir une composante courante de l’aménagement et de la programmation urbaine, elle pose nombre de problèmes et de défis aux acteurs de la fabrique urbaine. Plusieurs études et recherches en ont proposé un paysage, des typologies et des évaluations quant à leur apport sur les plans sociologique ou alimentaire. En revanche, de nombreuses questions demeurent du point de vue de l’aménagement urbain : quelles surfaces et dimensions accorder à cette activité dans un projet ? Comment compenser ou valoriser le foncier qu’elle occupera ? Quel type de culture et de filière agro-alimentaire privilégier ? Quels types d’exploitation ou d’exploitants choisir pour intégrer un fonctionnement urbain ? Quelles incompatibilités d’usage prévenir en milieu urbain ?

Ces questions, qui présentent un intérêt commun pour la recherche comme pour les opérateurs de l’aménagement dans le Grand Paris, sont au cœur d’un programme de veille et de recherche lancé en 2020-21 et animé par la Chaire.

Premiers travaux étudiants et mise en perspective internationale

En octobre 2020, la Chaire a commandé un atelier pédagogique pour éclairer ces questions. 8  étudiant.es de Master 2 de l’Ecole d’Urbanisme de Paris ont analysé, dans cet atelier piloté par l’EPFIF, les conditions favorables au maintien ou au déploiement d’activités d’agriculture urbaine sur des terrains détenus de façon temporaire par des opérateurs fonciers. Cette étude permet une prise de repères à destination des opérateurs urbains, à partir d’un diagnostic territorial sur Grand Paris Sud et de monographies de projets franciliens d’agriculture urbaine : fermes urbaines, micro-fermes, jardins partagés, etc. Des guides méthodologiques et de bonnes pratiques décrivent les modes d’organisation (acteurs, économie, foncier, etc.) et les leviers favorables à la mise en œuvre et à la gestion de ces activités.

Consulter la synthèse de l’atelier

Des travaux étudiants à la mise en perspective internationale

Par ailleurs, des séminaires ont été organisés en 2020 et 2021 pour présenter et échanger autour des modalités canadiennes et françaises d’organisation de l’agriculture urbaine dans l’aménagement.

  • Le 8 juin 2020, un premier Séminaire acteurs-chercheurs international a été organisé en visio, sur l’organisation de l’agriculture urbaine au sein d’un projet d’aménagement puis d’un quartier urbain. Plusieurs formules sont aujourd’hui utilisées ou testées : location du foncier à une entreprise spécialisée, mise à disposition au bénéfice d’une association locale, concours pour la création d’une exploitation agricole, ferme urbaine gérée par la collectivité locale… Chacune de ces formules renvoie à des questions de dimensionnement spatial et économique de l’activité, de statut juridique, d’assise sociale, de fonctionnement pratique, d’insertion territoriale… Pour aborder ces sujets, Joe Nasr, architecte-urbaniste, spécialiste canadien de l’agriculture urbaine et des politiques alimentaires des villes, a présenté trois exemples d’organisation à Toronto. Sa présentation a été complétée par celles d’opérateurs de la Chaire  confrontés à des questions similaires (Eiffage, SPL Air217).
  • Le 26 novembre 2021, un séminaire de recherche a été organisé à AgroParisTech pour faire le point entre les approches différentes de l’agriculture urbaine entre l’équipe dédiée d’AgroParisTech (agronomes, économistes, …) et celle de la Chaire et de l’EUP. Cette séance a permis une prise de contacts en vue des prochains travaux en 2022 et 2023.
  • Le 1er décembre 2021, un deuxième Séminaire acteurs-chercheurs international a été organisé à AgroParisTech, pour prolonger les questionnements du programme, sur la mobilisation du foncier comme le fonctionnement socio-économique des activités installées dans la durée avec ou sans aide publique. Joe Nasr a introduit les particularités de ces questions dans un contexte métropolitain et d’aménagement d’un territoire urbain complexe. Sa présentation a été complétée par celles de 4 porteurs et de spécialistes de l’agriculture urbaine à Toronto confrontés à des questions similaires.

Filmer l’organisation de l’agriculture dans les projets urbain

Enfin, en lien avec la SPL Air217, la Chaire a intégré un consortium d’acteurs publics et privés qui a remporté l’appel à projets de l’État TIGA (« Territoire d’Innovation de Grande Ambition »), piloté par Coeur d’Essonne Agglomération. Le projet lauréat « Sésame » vise à accélérer la transition écologique et agricole du territoire de l’agglomération. La Chaire a obtenu un financement pour conduire jusqu’en 2023 un programme de recherche sur les enjeux et modalités organisationnels, économiques et environnementaux de l’intégration de l’agriculture (péri)urbaine en contexte métropolitain.

Ce soutien a permis  le recrutement entre juillet 2021 et décembre 2022 d’une jeune chercheuse (Emilie Balteau) pour conduire ce programme de recherche, pour animer une équipe de recherche (séminaires, etc.) et conduire des actions de valorisation auprès des professionnels et du grand public. Ce travail  était hébergé au Lab’Urba et co-encadré par Taoufik Souami (LATTS) et Ana Cristina Tores (Lab’Urba).

Cette recherche interroge l’organisation de l’agriculture dans les projets urbains : elle cherche à saisir comment, dans ce contexte, elle se pense et se fabrique. Dans quelle mesure infléchit-elle les représentations et les pratiques, mais aussi les configurations d’acteurs (par lesquelles les unes et les autres s’expriment) ? Quelles questions l’agriculture met-elle en jeu en contexte d’aménagement (questions sociales, environnementales mais aussi économiques, foncières, juridiques et réglementaires), comment s’articulent-elles et comment se traduisent-elles concrètement dans les opérations ?

L’enquête de terrains articulait entretiens et observations auprès des acteurs (aménageurs, collectivités et porteurs de projets) d’au moins quatre projets d’aménagement, diversifiés dans leur forme, leurs objectifs, leur échelle et leur implantation : la Base 217 (Coeur Essonne Agglomération), la ZAC des Tartres (Plaine Commune), l’écoquartier des Docks (Saint-Ouen) et l’écoquartier La Vallée (Châtenay-Malabry).

Consulter le poster de présentation  : « L’agriculture urbaine dans le projet d’aménagement : quelle organisation ? Une recherche socio-visuelle. »

Une des lignes importantes du programme consiste dans la conduite et la valorisation de la recherche.  Afin de favoriser la discussion et le débat autour des enjeux que soulève l’agriculture urbaine en contexte d’aménagement, les résultats de la recherche  sont restitués sous forme d’une série de films documentaires « L‘aménageur et l’agriculteur : les coulisses de l’organisation d’une agriculture urbaine dans le projet d’aménagement »

En 2023, le premier épisode intitulé « L’Envol«  est achevé et sera diffusé de deux façons :

  • à l’automne-hiver 2023-2024,lors de projections-débats dans différents organismes et auprès de publics variés (professionnels de l’urbanisme et de l’aménagement, monde agricole, collectivités, monde académique),
    • le lundi 20 novembre 2023 à l’Ecole d’Urbanisme de Paris,
  • en ligne, en 2024, au sein d’un webdocumentaire dédié et augmenté de nouveaux contenus

Consulter la fiche de présentation du film et de sa diffusion

La chercheuse, Émilie Balteau est sociologue et réalisatrice, spécialisée dans les écritures visuelles de la recherche en sciences sociales. Son travail se situe au carrefour de la sociologie urbaine et de la sociologie des groupes sociaux et des classes sociales. Il donne lieu à des textes – notamment méthodologiques (voir notamment la Revue française des méthodes visuelles, 2021), mais il s’exprime aussi sous forme de films de recherche (voir en particulier Bonjour Bonsoir (2017), issu de sa thèse sur la politique de rénovation urbaine contemporaine en France).

Elle a enseigné la sociologie pendant dix années à l’université – notamment la démarche de recherche socio-filmique, la sociologie des médias et la sociologie urbaine – et intervient régulièrement en école d’architecture et d’urbanisme ainsi qu’à l’occasion de journées d’étude thématiques.

Elle a co-fondé le CIREC, Centre de recherche-création sur les mondes sociaux, qu’elle co-administre et elle est membre des groupes de travail Recherche et création (GT 31, AISLF), Sociologie visuelle et filmique (RT 47, AFS) et Natures Urbaines (Labex Futurs Urbains).

 

 

E. Balteau sur son terrain d’enquête (2021)

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